Envie d’ailleurs
18 May 2015
Alors que je suis en train de réviser pour mes partiels de demain, tout en me préparant à quitter ma coloc nancéienne à trois à la fin du mois pour aller faire mon stage dans une boîte de communication (au Luxembourg début juillet), je me demande si c’est réellement ce que je veux.
Toutes ces années, j’ai fait des choix d’orientation parce que je ne voyais même pas d’autre alternative que celle de poursuivre mes études. Pour pouvoir vivre et manger il faut un métier, et pour avoir un métier, il faut des diplômes. Plein de diplômes. Ou c’est le chômage.
Au collège, j’avais des résultats plutôt bons et on m’a dit: “va au lycée, fais un bac général”. Les sciences économiques et sociales me plaisaient bien, pas la chimie, alors à la fin de ma seconde, je suis allée en ES.
Avant même mon bac ES en poche, on m’a dirigée vers la prépa. J’ai dit oui, ça me laissait plus de temps pour choisir ce que je voulais vraiment faire après mes études. Et vu que c’en était la suite logique, à la fin de mes deux ans de prépa, j’ai passé les concours et je suis entrée en école de commerce. Les partiels de demain dont je vous parlais plus haut, ce sont ceux de mon master 1. J’entre en année de césure dans deux semaines.
Et c’est à 21 ans, à 21 ans seulement, que je me demande ce que j’aimerais faire de ma vie. Est-ce que mes choix m’orientent vraiment vers ce à quoi j’aspire, ou vers ce que la société attend de moi?
J’ai la chance d’avoir été élevée dans une double culture, et d’avoir souvent pu aller voir ma famille maternelle en Thaïlande. Et quand je suis là bas, j’y trouve quelque chose que je n’ai pas ici, et je me sens bien. Cette sérénité, cette simplicité du quotidien. Plus le temps passe et plus je me dis que je veux y vivre. Combien de temps, je ne sais pas.
Ma famille de Thaïlande y vit modestement. Mes tantes tiennent un commerce qui leur permet de subvenir à leurs besoins de base. Ce n’est pas forcément évident pour elles, c’est un travail de tous les jours, dont la retraite n’est pas garantie. Et pourtant, tout le monde partage. Les voisins qui passent acheter une bricole se voient servir un grand bol de riz fumant et sont conviés à manger avec nous autour de la grande table en bois. Et ils en feront de même quand l’occasion se présentera.
Je ne les vois qu’une fois tous les deux ans, et pourtant à chaque fois c’est comme si je les avais quittés la veille. Il y aura toujours une tata pour m’accompagner à droite à gauche, une cousine pour me faire découvrir un endroit, et les sourires, partout où je vais.
Ce n’est pas seulement une lettre d’amour à la Thaïlande. Quoique. C’est aussi une porte que je m’ouvre sur le monde.
Je ne sais pas si c’est seulement la crainte de passer ma vie à travailler sans la vivre. Ou si j’ai simplement envie de prendre cliques et mes claques, et de partir à nouveau. Loin, à l’autre bout du monde, dans des pays où les rues sentent les épices, où le soleil est doré et où les passants sourient.
Le premier pas, c’est qu’après mes six mois de stage au Luxembourg, je vais à Séoul en mars prochain étudier pendant six mois! Et qui sait, peut être qu’après, je referai de l’humanitaire. Que je retournerai en Thaïlande, ou tout à fait ailleurs. Et si ça se trouve mon stage me plaira, et je me chercherai un petit job confortable en France. On change. Mais là, maintenant tout de suite, j’ai envie d’ailleurs.
Crédit photos: Renne Beau.
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14 Comments
La Nancéienne
C'est tellement bien écrit … Je suis véritablement admirative !
Quant au contenu, je suis assez d'accord avec toi, et je m'estime chanceuse de finalement "m'y retrouver" et de continuer à me rapprocher de ma passion grâce aux opportunités que j'ai pu saisir.
Bisous ma Sarah, loin ou proche de toi je serai toujours là ! 🙂
Sarah (Renne Beau)
Merci beaucoup Manon, ça me d'autant plus plaisir que je suis très critique envers ma plume!
C'est une chance qu'on a d'avoir pu prendre cette route, et c'est génial de voir toutes les aventures qui t'attendent (nous attendent).
Bisous ma Maoui, sache qu'il en va de même pour moi (vous me manquez déjà toutes!) ♥
Paillettes-et-Zombies
Ça faisait longtemps que je ne t'avais pas lue, et ça me fait très plaisir de retomber sur tes mots. Courage pour ton stage restant, et franchement, que je t'envie de partir à Séoul ! Je suis assez perdue aussi, j'ai envie de voyager, de découvrir, mais je suis une flipette, alors je m'entête dans les études parce que je crains de partir à l'aventure sans plan de rechange. J'ai 23 ans, et j'en suis au même point que toi.
Sarah (Renne Beau)
Ça me fait très plaisir de te revoir par ici aussi ! 🙂
Je te comprends, je suis dans le même cas. J'aime l'idée de me dire que si je finis ce que j'ai commencé, j'aurais quand même un diplôme, un plan B en quelque sorte.
Je me rends de plus en plus compte qu'on a pas besoin de forcément aller très loin pour voyager, on peut découvrir des choses dans sa ville, sa région, en Europe, ça peut être un premier pas d'aller voir à côté, pas forcément longtemps mais le temps de découvrir. Et pourquoi pas un jour l'autre bout du monde… La suite des aventures nous le dira !
Paillettes-et-Zombies
Haha j'adorerais partir en effet, mais malheureusement il ne me suffit pas de prendre le train pour m'évader ;___;
Je vis en Corse, et même si c'est magnifique, et que j'adore y être, ça finit par être petit. Mais le moindre petit voyage hors d'ici coûte une blinde et demie… (rien que pour un aller-retour à Montpellier il faut compter 200€)
Du coup grosse frustration, je me défoule en me baladant dans l'île, parce qu'elle mérite d'être découverte, mais quand même. Je rêve de dépaysement :3
Cari
Oh j'avais pas vu cet article! Je te rassure, à 21 ans j'ai plaqué mes études d'instit maternelle car je ne me voyais pas dedans. Et c'est un coup de chance d'avoir trouvé ma vocation actuelle ^^
En tout cas, je te souhaite bon courage ^^
Sarah (Renne Beau)
Ah oui je comprends mieux ! Moi qui ai mis un mois à explorer le Luxembourg alors que j'y habite, j'ai un peu honte. (Mais j'ai depuis méticuleusement exploré la ville et elle est très jolie.)
Tu as raison de profiter de la Corse en attendant d'autres horizons, cette île a quand même l'air rudement belle (je n'y suis encore jamais allée) ! 🙂
Sarah (Renne Beau)
C'est génial que tu aies eu le courage de changer, et la chance de trouver ta voie ! Je ne désespère pas encore mais le futur est un peu flou.
Milles merci Cari ! Bonne soirée ♥
Paillettes-et-Zombies
Elle l'est ! Et si tu as un jour l'occasion de venir en région ajaccienne, n'hésite pas à me faire signe ! 😉
(Haha avec ce petit clin d'œil le message a tout de suite l'air un peu plus douteux et pas recommandable)
Sarah (Renne Beau)
Oh je n'avais pas vu, mea culpa !
Je n'hésiterai pas, merci pour l'offre ! Il en va de même pour toi, si tu viens à Luxembourg (ou à Nancy suivant où je serai) n'hésite pas à me tenir au courant. 😉
(Oups, je renchéris avec un clin d'oeil douteux et peu recommandable haha)
Zélie Coptaire
Hello Sarah, j'aime beaucoup ton ouverture d'esprit et ta maturité. En plus, j'habite à Metz, donc je peux profiter de tous tes bons plans lifestyle de Nancy ! C'est une vraie force que d'avoir une double culture : ma mère est brésilienne et là-bas aussi, les gens sont beaucoup sereins et moins emberlificotés dans leurs pensées ! Si tu bosses au Luxembourg, tu pourras te payer une super grosse voiture ! Personnellement, j'y ai longtemps travaillé mais l'ambiance ne me plaisait pas, les costumés cravatés, ça m'angoisse… Bises et très bonne journée 🙂
Lo - Eeonian
Quel joli article 🙂 concernant les études, je suis comme toi : on a suivi exactement le même parcours, exactement pour les mêmes raisons. Finalement, avec le recul j'en suis plutôt contente, parce que je me sens assez libre et que je trouve que ces études me laisseront assez de marge de manoeuvre pour faire quelque chose qui me plaira plus tard. Aussi, j'ai eu l'impression, de remarquer enfin que l'avenir n'est pas "figé" : rien ne nous empêchera, si on n'est pas satisfaite, de changer de direction, même après avoir passé plusieurs années à faire la même chose (plus jeune, je croyais qu'il fallait choisir une profession longtemps à l'avance, qu'on garderait la même toute notre vie… je crois que c'est ce que beaucoup de jeunes pensent encore aujourd'hui jusqu'au lycée et qu'il serait temps qu'on leur explique, quand on les oriente, que ça ne se passe pas forcément comme ça…).
Ce que tu dis sur la Thaïlande me transporte un peu là-bas, je ne connaissais pas l'Asie du Sud-Est avant d'y passer un semestre cette année et ce qui m'aura le plus marqué (bon, pas à Singapour, mais en Thaïlande, Indonésie, Birmanie…) c'est effectivement la simplicité et la gentillesse, l'ouverture des gens là-bas. Je me suis retrouvée face à des personnes avec qui je n'avais aucune langue en commun, et qui nous proposaient quand même à manger, nous souriaient, essayaient de communiquer d'une manière ou d'une autre. Quand je vois le climat morose qui règne par ici en ce moment et que je pense aux sourires qui ornent tous ces visages là-bas…
Ces expériences, et plus particulièrement celle de la Birmanie, m'ont amenée à la conclusion que je voulais aussi ne pas suivre la voie la plus traditionnelle de nos sociétés aujourd'hui (même si je suis un peu réductrice et cliché quand je dis ça) : je ne veux pas faire un travail qui prend tout mon temps, ne m'apporte rien, jusqu'à me réveiller un jour en me disant qu'il a fait perdre à ma vie de son "essence". Je veux trouver une boîte dans laquelle je peux bosser sur des projets motivants, être impliquée, faire des choses qui me tiennent à coeur, peut-être monter la mienne, un jour. Il y a quelques mois, je m'étais mis en tête que ce serait impossible et que quitte à choisir, je préférais une vie simple, en vivant avec le minimum, mais en ayant la possibilité de me concentrer sur d'autres choses et ainsi me sentir vivre pleinement… mais ce n'est finalement pas ce que je veux non plus – j'ai dû admettre que je veux une vie confortable, pouvoir offrir un confort de vie donné à mes enfants, etc. Mais, c'est sûr, même si je pense que je vais donc me poser quelque part… il me sera nécessaire de voyager régulièrement, loin, de la façon la plus minimaliste qui soit ; cet équilibre entre la vie posée mais heureuse et les parenthèses pour se recentrer sur le reste, c'est, en ce moment, ce qui pourra je pense m'apporter l'équilibre auquel je tiens. Mais qui sait, je serai peut-être encore amenée à changer d'avis…
(désolée pour le pavé, je me suis sentie inspirée ! ;))
Sarah (Renne Beau)
Hello Zélie,
Tout d'abord, désolée pour la réponse tardive, mais cette semaine a été un peu chaotique.
J'espère que mes bons plans nancéiens te seront utiles, et je suis preneuse si tu en as sur Metz, j'adore cette ville. Je suis d'accord avec toi, c'est une chance d'avoir une double culture et différents points de vue sur le monde ! Le Brésil a l'air très chouette en tout cas.
J'ai la chance d'être en stage dans une entreprise de communication où l'ambiance est juste géniale, mais c'est vrai que l'ambiance luxembourgeoise ne fait à priori pas rêver haha !
Bises et bonne fin de week-end. 🙂
Sarah (Renne Beau)
Hello Lo,
Quel joli commentaire 🙂 Je l'ai lu très attentivement et il m'a fait chaud au cœur, c'est pourquoi j'ai voulu prendre le temps d'y répondre. J'espère que tu ne m'en voudras pas pour cette réponse tardive, mais la semaine fut longue.
Tout comme toi, j'ai longtemps cru qu'une fois qu'on s'était engagés sur un parcours, on était obligés d'y coller coûte que coûte, et cette perspective était loin de me réjouir. Je me suis récemment rendue compte que non, et que s'il était difficile de trouver une activité nous satisfaisant pleinement, rien ne nous empêchait de retrousser nos petites manches et de créer une entreprise dans un domaine en adéquation avec nos valeurs. Cette perspective m'ayant soulagée d'un poids, je suis tout à fait d'accord sur le fait qu'il faudrait en informer les jeunes.
Tu en parles si bien ! J'ai souvent du mal à mettre des mots sur ce que j'ai pu vivre en Asie du Sud-Est, tellement cela tient du vécu. Dans cette partie du monde, les gens sont d'une gentillesse et d'une sincérité si touchantes et si vraies que le retour en Europe se fait toujours un peu rude.
Travailler, manger, dormir, et se réveiller un beau jour en se rendant compte qu'on n'a jamais pris de temps pour soi, qu'on n'aime somme toute pas tant que ça ce que l'on fait depuis des années, et que l'on a des regrets à la pelle. J'ai le sentiment de toujours avoir eu cette crainte. Je m'étais aussi dit que j'étais prête à renoncer à pas mal de choses matérielles pour ne pas tomber dans cet écueil. Mais il est vrai que je n'ai aucune envie de renoncer aux possibilités d'évasion et de retrouvailles familiales qu'offre le voyage.
J'attache de moins en moins d'importance au matériel, et de plus en plus aux expériences. En attendant de réellement être minimaliste (les tiny house, le no waste, le dressing capsule, tout ça me fait rêver), j'essaie de profiter avec le plus de simplicité possible des jolis instants du quotidien. Quant à mes envies et perspectives futures… J'attends de voir ce qui va se passer dans l'année à venir, entre Corée, derniers mois de master, stage de fin d'études, je ne doute pas que tout va encore évoluer !
(Au contraire, merci d'avoir pris le temps d'écrire 😉 )